LA PLAINTE PENALE par Me FARAJALLAH, Avocat pénaliste |
Lorsqu'une personne a un litige, son réflexe est
d'aller "déposer plainte". Au sens strict, "déposer
plainte" suppose que l'on est en matière pénale. Une fois la plainte déposée, celle-ci suivra alors une procédure particulière qui pourra aboutir au procès pénal. En matière pénale, que l'on soit victime ou prévenu (l'auteur présumé de l'infraction), l'assistance d'un avocat n'est pas obligatoire. Toutefois, compte tenu des règles spécifiques de procédure, des arguments juridiques à soulever, des éventuelles nullités de procédure à déceler, la présence d'un avocat est vivement recommandée.
I/ Le dépôt de plainte proprement dit a) Comment déposer plainte Toute personne se considérant victime d'une infraction
pénale peut aller déposer plainte au commissariat de quartier
(n'importe lequel) ou à la gendarmerie. La plainte enregistrée
sera alors transmise au Procureur de la République qui décidera
des suites éventuelles à donner. b) Les suites de la plainte pénale déposée S'il entend y donner une suite, le Procureur décidera
la plupart du temps d'ouvrir une enquête afin de rassembler davantage
d'éléments : Il faut savoir qu'une décision de classement sans
suites ne prive pas de tout recours le plaignant. Classement sans suites
ne signifie pas qu'il n'y a pas matière à des poursuites
pénales. Compte tenu de l'encombrement des tribunaux, de nombreuses
infractions ne donnent pas lieu à des poursuites pour "une
bonne administration de la justice". Il en est ainsi en matière
d'abandon de famille ou encore de non-représentation d'enfant.
II/ La citation directe Comme en matière civile, toute personne se considérant victime d'une infraction pénale, peut citer (convoquer) l'auteur de son préjudice directement devant un Tribunal pénal. La différence tient au fait que l'on ne peut agir au pénal que si une infraction pénale (vol, escroquerie, abus de confiance, violences, ...) peut être reprochée au responsable du préjudice. La victime ne pourra demander que des dommages et intérêts et la restitution éventuelle de son bien. Elle est partie civile au procès pénal. Seul le Procureur peut demander une peine telle l'emprisonnement ou l'amende. Ainsi, une victime dont le préjudice se rattache directement à une infraction pénale pourra faire juger son affaire par le Tribunal de Police (s'il s'agit d'une contravention) ou par le Tribunal Correctionnel (s'il s'agit d'un délit). S'il s'agit d'un crime, seule une plainte avec constitution de partie civile est envisageable (Voir : III). L'avantage d'une telle procédure est que la victime
n'est pas tributaire de la décision du Procureur quant aux suites
pénales éventuelles données à la plainte.
Elle initie elle-même le procès pénal en convoquant
l'auteur de l'infraction directement devant le Tribunal. Cela est un gain
de temps manifeste. Si l'affaire est complexe et qu'elle nécessite des investigations, la victime doit déposer plainte avec constitution de partie civile.
III/ La plainte avec constitution de partie civile Le dépôt de plainte avec constitution de partie
civile auprès du doyen des Juges d'instruction permet l'ouverture
d'une information, c'est à dire la désignation d'un juge
d'instruction. Celui-ci instruira (enquêtera) sur les faits et les
personnes visés dans la plainte avec les plus larges pouvoirs.
Il pourra d'ailleurs déléguer ses pouvoirs (auditions, perquisitions,
...) par le biais de commissions rogatoires aux services de police ou
de gendarmerie. A l'issue de l'instruction, le Juge clôturera le dossier par une décision appelée Ordonnance. Il peut s'agir soit d'une Ordonnance de renvoi de l'affaire devant le Tribunal pour jugement, soit d'une Ordonance de non-lieu lorsque les faits reprochés ne lui paraissent pas établis.
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